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L’accès à l’art est-il exclusif ? Le droit de s’en emparer pour s’exprimer est-il réservé à une élite et confisqué aux catégories populaires ? C’est le cœur et le chœur de ce spectacle retraçant la fabuleuse histoire du mouvement pictural « Ashington Group ».

Composé dans les années 1930 par « une association de travailleurs pour l’éducation » issue du mouvement syndical des mineurs d’Ashington, Woodhorn et Ellington en Angleterre, ce groupe est devenu célèbre et représente un courant reconnu de l’art britannique aujourd’hui encore.

Lee Hall écrit cette pièce en 2009, avec la volonté évidente de célébrer cette aventure, de témoigner de sa valeur iconoclaste parmi les nombreux groupes artistiques qui parsèment l’histoire de l’art et poser à cette occasion les questions que drainent de tels destins.

La pièce interroge les caractéristiques sociales et politiques qui fondent l’engagement de ces hommes, leur résistance à la récupération commerciale et celles de ceux qui continuèrent derrière eux cette aventure originale. Amateurs d’arts, épris d’émancipation, ils sont devenus artistes par gout avant toute recherche de gloire ou de mérite. Le plaisir de peindre et de se découvrir soi-même, de se satisfaire dans l’accomplissement volontaire et de sublimer leur quotidien pour mieux en montrer la dureté de sa réalité, sont autant de désirs assouvis, de revanches prises et de reconnaissances obtenues.

Bien sûr, les biographies des peintres célèbres et professionnels ne sont pas remplies de tels parcours. Il y a de l’extraordinaire dans ces épopées, du mystique dans ces réussites. Mais sans doute, il y a surtout la pugnace volonté d'abattre la barrière devant laquelle les ouvriers sont cantonnés lorsqu’il s’agit d’expression artistique.

L’art populaire est-il une utopie nécessaire, essentielle pour ouvrir des horizons improbables ou doit-elle exister pour permettre la croyance dans une égalité des chances parmi les possibles du courage et de la chance ?

Le texte de Lee Hall raconte cette histoire comme une fable, avec la conviction de sa beauté mais avec des propos parfois redondants et insistants, aux accents pontifiants frisant le discours populiste. C’est dommage mais cela n’occulte pas l'espérance éclairée par la lumière sombre et magnifique qui traverse ce spectacle. Une ode à la culture populaire, à son éducation et à sa réalité bien trop peu reconnue.

La mise en scène de Marc Delva choisit le parti-pris de l’immersion dans l’univers des personnages, de la plongée du public dans l’histoire. Le dispositif scénique avec le plateau au centre, entre deux séries de gradins, permet une adroite proximité avec les comédiens, avec ce qu’ils vivent et semblent ressentir. Le public est parmi eux. Les émotions sont plus vives, les jeux plus directement perçus. C’est très bien vu et tout à fait adapté à ce récit.

La fougue et la rage des comédiens nous saisissent et nous convainquent. Les personnages sont incarnés avec chaleur et précision. Du très beau travail.

Entre théâtre documentaire, social et politique, ce spectacle est une belle fable engagée, drôle et captivante. À voir pour le plaisir de voir des idéaux se rapprocher de la réalité, des histoires de vie belles comme des combats réussis.

 

D’après le texte de Lee Hall. Traduction de Fabrice Melquiot. Mise en scène de Marc Delva. Assistants à la mise en scène Florent Hu et Élodie Galmiche. Création Lumière de Julien Kosellek. Création sonore de Luc Delva. Scénographie de Marc Delva, Thomas Brazète et Florent Hu

Création costume, coiffure et maquillage d'Hugo Bardin. Création mapping vidéo de Arnaud Berthonneau, Romain Da Costa et Olivier Carru (Digital Essence).

 

Avec Hugo Bardin, James Borniche, Thomas Brazete, Solal Forte, Elodie Galmiche, Florent Hu, Marie Petiot ou Elise Fourneau, Paul Emile Petre et Emmanuel Rehbinder.

 

Du mardi au samedi à 20h00 et le dimanche à  16h00 – 30 rue du Chevaleret, Paris 13ème – 01.45.48.62.22 – www.theatre13.com

- Photo © Suzanne Rault-Balet et Elya Sto -

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